Cette oeuvre doit sa création à mon inépuisable curiosité de la dynamique interne de la terre et de sa signification particulière pour nous, êtres humains. […] J’ai conçu et construit un dispositif simple de détection dans le seul but artistique d’enregistrer les infimes pulsations et tremblements de notre planète, les oscillations de la croûte terrestre provoquées par le soleil et la lune, et, aussi, par le
public en action. (4)
- Juan Geuer
Pour Juan Geuer, comprendre les réalités de l’environnement mène à reconnaître qu’il faut en assumer la responsabilité. Son oeuvre Al Asnaam: The People Participating Seismometer [Al Asnaam. Sismomètre à participation humaine] (3) (1980) incarne parfaitement cette conviction et consiste en un pendule horizontal étalonné de façon à réagir à toute activité sismique du substrat rocheux. Un faisceau laser dirigé au mur réagit à tout mouvement dans l’espace, créant ainsi de brillants jets de lumière rouge. La participation du public est essentielle à l’expérience de l’oeuvre et contribue à renforcer ces liens qui existent entre les êtres humains et l’écosystème qu’ils altèrent.
L’interactivité joue un rôle fondamental pour Al Asnaam. C’est elle qui démontre le besoin qu’ont les humains, locataires de cette planète de plus en plus fragile, de croire qu’il faut s’occuper de l’invisible. La vérité que Juan Geuer recherchait ne s’appliquait pas exclusivement à la science, mais également à la connexion qui existe entre êtres qui partagent un même environnement.
Juan Geuer (1917 - 2009), un artiste d’Ottawa, a exploré sans crainte l’intersection entre l’art, la science et la technologie et, en fin de compte, l’impact que nous avons sur la planète. Issu d’une famille d’artistes, Juan Geuer a quitté la Hollande tout juste avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale et a immigré en Bolivie avec sa famille. Il est arrivé au Canada en 1954, et de la fin des années 1950 à la fin des années 1970, il a travaillé comme dessinateur à l’Observatoire fédéral du Conseil national de recherches du Canada, à Ottawa. À partir des années 1960, Geuer, qui travaillait le verre, la peinture sur toile et les murales depuis les années 1940, s’est mis à chercher d’autres options qui traduiraient mieux la créativité qu’il voyait dans la vie de tous les jours. Il s’est tourné vers un art plus conceptuel au début des années 1970 afin de rapprocher l’art et la science. Certaines de ses oeuvres incorporent des pièces d’appareils scientifiques, alors que d’autres analysent ou intègrent des phénomènes naturels. Geuer demeure un pionnier canadien sur la scène internationale dans le domaine des nouveaux médias et des recherches artistiques fondées sur la science.
Installation : laser hélium-néon, structure d’aluminium, fin mécanisme d’ajustement et pendules horizontaux qui agissent comme sismomètre, aluminium (plaque), Plexiglas (boîtier), Plexiglas à composite d’aluminium (réflecteur)
Collection de la Galerie d’art d’Ottawa. Achat avec le soutien financier du Programme d’aide aux acquisitions du Conseil des arts du Canada, Glen A. Bloom, la Foundation Walter & Duncan Gordon et du Service Art Vente et location de la GAO, 1998
Dans le cadre de l’exposition du 50e anniversaire du Centre SAW Manifestations de solidarité : 50 ans de vidéo et de performance à SAW (du 5 mai au 24 juin 2023, organisée par Stefan St-Laurent) : https://saw-centre.com/fr/programmation/shows-of-solidarity-50-years-of-video-and-performance-at-saw
3. Titre d’après un tremblement de terre survenu en 1980 à El Asnam, en Algérie.
4. Juan Geuer. Al Asnaam. Sismomètre à participation humaine. Ottawa, Galerie d’art d’Ottawa, 2001, s. p.