Normee Ekoomiak (1948-2009) était un conteur inuit du Nunavik. À travers ses peintures, ses livres et ses akinnamiutait (tapisseries murales) hautes en couleur, il documentait avec joie et révérence la vie, les traditions et les récits inuit.
Normee Ekoomiak, mai 2007. Photo : Roger LeMoyne
Les œuvres d’Ekoomiak témoignent de son savoir et de ses souvenirs à l’égard du mode de vie inuit, qui lui était si cher à Fort George et même une fois établi à Ottawa. Ses tapisseries murales, en particulier, incarnent l’importance culturelle de l’art textile au sein des communautés inuit, pour qui la couture est centrale à la création et à l’épanouissement d’une culture actuelle et vivante.
En dépit des épreuves, Ekoomiak retournait toujours à l’art, déterminé à célébrer et à transmettre sa culture, tant avec des publics inuit que non inuit. Son œuvre persiste, puissant hommage à la résilience, à la beauté et au conte.
Je connais tous les esprits des animaux terrestres et des oiseaux et des poissons et des animaux marins. Je connais leurs noms et je peux les comprendre et je peux leur parler. J’ai entendu la chouette et j’ai entendu l’ours et j’ai entendu Sedna chanter.
Normee Ekoomiak, Arctic Memories
Okpik (Ukpik/Harfang des neiges)
Ukpik peut être un esprit gardien qui veille sur le territoire et sur les humains et les animaux qui l’habitent. Personnage récurrent dans les œuvres de Normee Ekoomiak, Ukpik incarne la relation profonde qui existe entre la nature et la vie des Inuit. Dans ses œuvres de grandes dimensions, Ekoomiak dote Ukpik d’une présence majestueuse encore plus saisissante : il devient symbole d’équilibre et incarne une forme d’héraldique.
Dans ses pièces, Ekoomiak intègre Ukpik à des scènes représentant la chasse, la vie de famille et la faune. Il souligne ainsi l’importance de l’harmonie entre les humains, les animaux et les esprits qui les guident.
ᓄᐊᒦ ᐃᕐᕈᒥᐊᖅ, ᐅᑉᐱᓛᓗᒃ,c.1990, ᐊᓕᕐᑎᓴᔭ,ᐃᕙᓗᑦᓴᔭᓄᑦ ᐊᒃᓚᖑᐊᕐᓯᒪᔪᖅ, ᑲᑎᕐᓱᐊᕆᔭᐅᔪᖅ ᐋᑐᕗᐊᒥ ᓴᓇᔭᐅᓯᒪᔪᓂᒃ, ᑕᑯᑦᓴᐅᑎᑦᓯᕕᒻᒧᑦ:ᐁᑦᑑᑎᒋᓯᒪᔭᖓ ᒫᒃ ᓛᓐᑕᓐ, 2024 | Normee Ekoomiak, Grand Owl [Grand hibou], vers 1990, lainage feutré, feutre, fil de broderie. Collection de la Galerie d’art d’Ottawa : don de Mark London, 2024. Photo : Rémi Thériault
Sedna (Nuliajuq/Déesse de la mer)
Personnage central dans les contes inuit, Sedna/Nuliajuq apparaît fréquemment dans les œuvres de Normee Ekoomiak. Comme il le raconte dans ses albums An Arctic Childhood et Arctic Memories (publié en français sous le titre Inuit. Tableaux d’une enfance dans l’Arctique), son grand-père lui avait raconté l’histoire de Sedna/Nuliajuq, jeune fille jetée à la mer par son père. Dans un geste désespéré, la jeune fille s’agrippe à l’embarcation, mais son père lui coupe les doigts. Alors qu’elle sombre dans les profondeurs de la mer, elle se transforme en déesse. C’est de ses doigts coupés que seront créés les animaux marins dont dépendent les Inuit : les poissons, le phoque, l’ours polaire et le narval.
Les œuvres d’Ekoomiak représentent souvent Sedna/Nuliajuq. Dans la culture inuit, chasser veut aussi dire respecter l’équilibre de la nature en limitant la chasse à certains animaux et en utilisant toutes les parties de leurs prises. Sedna/Nuliajuq ne s’en prend pas à quiconque suit cette règle.
Son histoire reflète les thèmes du respect, de la survie et des profondes relations spirituelles qui unissent les humains, les animaux et la mer.
Normee Ekoomiak est hospitalisé après avoir été sans abri et avoir connu d’autres difficultés qui ont nui à sa santé. C’est ainsi que le Dr Jeff Turnbull fait sa connaissance. Ayant constaté son besoin de soins continus, le Dr Turnbull facilite son admission à l’hospice de La Mission.
À l’époque, on ne s’attend pas à ce qu’Ekoomiak vive plus de cinq semaines. Ancienne PDG d’Ottawa Inner City Health Inc., Wendy Muckle raconte : « Au début, il y avait bien des hauts et des bas… Mais une fois la confiance établie, la situation s’est améliorée substantiellement. »
Grâce aux soins et à la compassion prodigués à Ekoomiak, son état se stabilise. « Nous avons traité ses problèmes médicaux, raconte le Dr Turnbull, ancien directeur médical d’Ottawa Inner City Health Inc., et son état s’est stabilisé au point où il n’a plus eu besoin de soins actifs et a pu être transféré au 4e étage de La Mission, où on s’est bien occupé de lui et où il a vécu heureux. »
Pendant son séjour, Ekoomiak tisse des liens profonds avec plusieurs membres du personnel de l’hospice et devient un membre à part entière de la famille de La Mission. « Nous l’aimions tous, confie Muckle, et je crois que cette affection était mutuelle. »
Grâce à sa force et à sa détermination, Ekoomiak recouvre en grande partie la santé et poursuit son travail artistique. Vers la fin de sa vie, il connaîtra d’autres problèmes de santé, mais jamais il ne perdra sa créativité. Son œuvre constitue un précieux héritage.
Son service funèbre, dans la chapelle de La Mission, rassemblera 150 personnes, remarquable témoignage de l’amour et du respect qu’il inspirait au sein de la communauté ottavienne et ailleurs.
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