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Comme je t’aime

Galerie Annexe

28 juillet 2022
 - 11 septembre 2022

Commissaire : Delilah Edouard Williams, commissaire-hôte communautaire, galerie commerciale

Aly McDonald, Andy Akangah, Aurelie Kadjo, Dion Prints, Fanny Constantino, Farah Lorissaint, Fatuma Kou, Felicity Hauwert, Hasina Kamanzi, Heritier M. Bilaka, Jean Christian Ishimwe, Jega Delisca, Jemimah Lorissaint, Jinnia Baiye, Jovita Odegua Akahome, Lola Shadee Badmus, Mesoma Onyeagba, Olivia Marie, Sandra Dusabe, Suleimi Ahmed, Tamar Scott Nnaji, Tolorunlogo (Tolo) Akinrinola, Yomi Orimoloye

L’art d’aimer et aimer comme pratique artistique – telle est la dynamique réaffirmée et examinée dans Comme je t’aime. Cette exposition de groupe se penche sur le concept de l’amour, ce qu’il nous enseigne et son acceptation dans la communauté noire. Les œuvres présentées nous demandent d’explorer comment nous exprimons l’amour, tant envers nous-mêmes, en tant qu’individus noirs, qu’envers d’autres gens noirs. La culture populaire perçoit l’amour et la communauté noirs de manière homogène : centrés sur la violence et le traumatisme et limités à ces derniers. Cette exposition montre plutôt une perspective nuancée du sujet. En tenant compte des complexités et de la variété des types d’amour, nous permettons non seulement la reconnaissance de différentes sortes de soins, mais aussi une remise en question et une réévaluation des méthodes par lesquelles nous avons traditionnellement exprimé l’amour.

L’exposition s’organise selon trois axes conceptuels : l’amour de soi ou individuel ; l’amour et les soins communautaires ; et les enseignements intergénérationnels sur l’amour. Ces trois axes s’entrecroisent et interagissent. En nous remplissant nous-mêmes d’amour et en nous acceptant entièrement, nous sommes mieux à même d’aimer les autres comme nous-mêmes ; par la suite, de façon saine et exponentielle, nous arrivons à construire des liens communautaires. Le renforcement du sentiment d’appartenance à la communauté permet ensuite, de manière inhérente, un meilleur enseignement entre les générations, ce qui produit des individus plus aimants et plus attentionnés, nous ramenant ainsi au début du cycle. Nous voyons au fil de l’exposition des œuvres qui se penchent non seulement sur les fruits de ce travail d’amour, mais aussi sur ce que nous coûte son absence.

Dans Hustle, Grind (2022), l’artiste Sandra Dusabe dépeint un sujet souffrant de solitude et de haine de soi en raison d’isolement et de systèmes de soutien social inadéquats. Le sujet utilise des stratégies d’adaptation malsaines, comme la haine de soi, pour combler le vide occasionné par une carence d’amour. Il y a peu de place, dans une communauté où les notions d’autosuffisance et d’indépendance sont des valeurs idéalisées, pour la vulnérabilité ou pour la création de relations significatives fondées sur le soutien et l’attention. Réconciliation (2021) d’Aurélie Kadjo dépeint une figure laissant échapper un hurlement étouffé et réduit au silence par des fleurs. Incapable de partager l’angoisse accablante qu’elle ressent, elle se force à jouer la comédie. Ces œuvres montrent que certaines formes d’amour et de soins auxquelles s’adonnent les gens noirs peuvent être considérées d’un œil critique, comme des modèles destructeurs déguisés en soins personnels ou des soins aux autres offerts à nos propres dépens, qui nous poussent fréquemment à bout. A Funny Conversation (2022) de Mesoma Onyeagba et AsoEbi (2022) de Jovita Odegua Akahome révèlent combien de personnes noires partagent ces combats. En communiant sur ces similitudes et en nous permettant de ressentir ensemble de la vulnérabilité, nous réussissons à nous ouvrir à une sorte d’amour mutuel instantané et infini.

Des œuvres comme Sexual Awakening (2022) de Lola Shadee Badmus et The Beauty Within (2022) par Tolorunlogo Akinrinola se trouvent à l’autre extrémité de la gamme représentant l’amour de soi : elles dépeignent des gens noirs qui explorent et accueillent leur vulnérabilité souvent bafouée. Dans Sexual Awakening, une femme noire éprouve du plaisir à l’égard de sa propre sexualité, un sujet qui fait régulièrement l’objet de discorde au sein de la communauté noire à cause de la fétichisation et de la honte qui ont longtemps entouré la sexualité féminine noire. L’œuvre The Beauty Within quant à elle dépeint un homme noir qui révèle sa sensibilité sans renier sa masculinité, qui est au contraire renforcée par ce côté sensible ; il s’agit d’une vision prémonitoire de la dualité et de la beauté possibles chez les hommes noirs. Ces sujets, en s’appropriant des éléments vulnérables de leurs identités, retrouvent du pouvoir et peuvent ensuite appliquer les leçons de l’amour de soi envers leurs relations externes. Après avoir réfléchi aux complexités inhérentes dans certaines représentations de l’amour, nous pouvons nous tourner vers des représentations de guérison et de relations saines dans des pièces comme Alone Together (2022) d’Andy Akangah, Sistren (2022) de Jinnia Baiye et Do You Remember No. et No. 3 (2022) de Dion Prints. Les liens dépeints ici, qu’ils soient platoniques ou romantiques, ne sont pas des raretés, mais plutôt des relations très tangibles qui demandent que nous évaluions nos propres méthodes de soins pour se réaliser.

Des moments de tendresse, où la joie et la douleur s’entremêlent, sont représentés dans toutes les œuvres de l’exposition. Bien que parfois critique, cette remise en question de nos relations avec nous-mêmes et avec les autres est en réalité l’amour en action. Accepter que nous ayons mal aimé ainsi que réfléchir résolument et sans cesse à la manière dont nous avons besoin de donner et de recevoir de l’amour permettra d’améliorer l’amour et les soins. L’amour engendre l’amour, comme le dit le dicton, et s’engager activement dans ces concepts produira en fin de compte de meilleurs types de relations entre nous et notre communauté.

Cette exposition a bénéficié du soutien et du partenariat de l’Ottawa Black Art Kollective (OBAK), ainsi que de l’appui accordé par la Fondation RBC au programme de mentorat d’artistes Rapprochement de la GAO.


Remerciements de la commissaire

J’aimerais remercier tout le monde pour leur soutien et leur travail dans le cadre de cette exposition. C’était bel et bien un poste « communautaire » et j’ai bénéficié de beaucoup de soutien de l’équipe de la GAO ainsi que des membres de l’Ottawa Black Art Kollective (OBAK). Notamment, le mentorat offert par Stephanie Germano (commissaire, galerie commerciale, Galerie d’art d’Ottawa) et Stanley Wany (artiste et membre de l’OBAK) m’ont respectivement aidé à poursuivre mes recherches en matière de conservation et à enrichir mes perspectives culturelles noires. Enfin, et c’est le plus important, nous devons souligner toutes les soumissions et le talent extraordinaires des artistes de cette exposition, dont beaucoup sont de jeunes artistes en début de carrière. Le niveau d’implication et la qualité des propositions réaffirment la nécessité et le besoin de concevoir des occasions pour les artistes et les personnes créatives noires dans la ville d’Ottawa. Il nous suffit de continuer à leur accorder l’espace — ou à le créer — pour que cette communauté s’épanouisse.

Photo : Tolorunlogo Akinrinola, Understanding, 2021, 16x20” photographie numérique

Parcours de l'exposition

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