Le mot Confluences évoque le lieu de rencontre de plusieurs rivières, là où, dans la force du courant, peut-être dans l’émergence ou l’aboutissement d’un lac, les énergies créatrices se rencontrent et s’amplifient. Le débit des eaux engendre la puissance. Chaque goutte d’eau contribue au tout. Au coeur de chaque oeuvre et en arrière-plan de chaque démarche d’artiste, se cachent une grande sensibilité et une volonté de changer le monde (RÊVE et (RE)PRÉSENTATION), des aspirations profondes, environnementales, territoriales, générationnelles, identitaires (APPARTENANCE), des quêtes spirituelles (LUMIÈRE) – à ce propos, je suis frappée par le grand nombre d’artistes qui sepréoccupent de guérir la terre et tout ce qu’elle porte de vivant, ou encore par ceux, celles qui trouvent dans l’art le refuge ultime, peut-être après avoir subi les égratignures qui leur ont été infligées et qui, grâce aux gestes méditatifs pertinents des créateurs peuvent reconstruire leur moi.
Les artistes se font aussi évocateurs, imaginent des métaphores, posent des charades (MÉTAPHORE, INVOCATION), ou bien, ils manoeuvrent pour mettre en relief ce qui les préoccupe (ACTIONS et STRATÉGIES), à moins d’opter pour l’attaque des matériaux avec comme atout la complicité des formes et des couleurs pour s’exprimer et représenter leurs émotions (STRUCTURE, COULEUR, MATÉRIALITÉ). Les oeuvres touchent de temps à autre aux grandes questions philosophiques « D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Qui sommes-nous ? », des interrogations bien fondées, à entendre comme réflexion spirituelle tout comme littérale, chez un people formé du brassage continuel et des va-et-vient de sa population.
Loin d’être une compilation exhaustive de ce qui s’est produit en art visuel en Ontario francophone au cours des dernières décennies, Confluences témoigne avec vigueur de certaines facettes et de l’étendue de la créativité des artistes qui ont répondu à l’appel de BRAVO. Confluences nous présente donc le registre partiel d’un très vaste panorama artistique qui débute avec, d’une part, les créations en terre cuite de Maurice Gaudreault (1932-2000) et, d’autre part, l’oeuvre peinte de Clément Bérini (1930-1996). Ces deux artistes précurseurs montrent deux voies séparées, le premier observe le monde extérieur et les menus détails de la vie quotidienne et, ce faisant, façonne la matière en réalisant un registre tangible témoin d’un temps révolu, tandis que le second s’intéresse à l’effet de la Lumière en nous, en déconstruisant, en ré-agençant les formes et les couleurs pour les renvoyer vers notre âme. L’oeuvre de Gaudreault et celle de Bérini, chacune avec son approche diamétralement opposée dans l’intention et la production, informent l’héritage artistique des artistes présentés dans Confluences.
- Marion M. Bordier, artiste
Confluences est présentée par la GAO et BRAVO.
Image : Confluences, vue de l'installation. Photo : Sean Sytsma