« Dans la majorité des cas, la séparation, c’était évident, ne devait cesser qu’avec l’épidémie. […] Cette séparation brutale, sans bavures, sans avenir prévisible, nous laissait décontenancés, […] En fait, nous souffrions deux fois — de notre souffrance d’abord et de celle ensuite que nous imaginions aux absents… »
— Albert Camus, La peste, 1947¹
La pandémie de COVID-19 a déclenché de nouvelles émotions, que ce soit l’isolement du travail en solitaire, la peur du risque de contamination que ressentent les personnes travaillant dans les secteurs essentiels, ou la claustrophobie anxiogène des gens à l’étroit à la maison. Ces états émotifs — solitude, peur, anxiété — offrent une nouvelle perceptive sur nous-mêmes, nos familles et nos communautés.
L’exposition Rester chez soi reflète la période difficile que nous traversons en élargissant la définition du portrait, genre artistique traditionnel qui mérite d’être réexaminé à partir de notre point de vue actuel. Les œuvres choisies, d’artistes historiques ou qui s’expriment à travers l’art contemporain, comprennent le film, l’installation, la sculpture, la photographie, la peinture et le dessin. Ces artistes, principalement de la région d’Ottawa-Gatineau, mobilisent différentes stratégies pour poser des questions provocantes sur notre identité et notre manière de percevoir et reconnaitre les autres.
Traverser la pandémie permet peut-être alors un changement de perspective à mesure que nous rencontrons les gens dans ces portraits. Nous disposons maintenant d’un nouveau point de vue duquel mieux comprendre ce que les artistes racontent, depuis les débuts, à propos de leurs communautés et de ce qui les préoccupe personnellement.
¹ Albert Camus, La peste, Paris, Éditions Gallimard, 1947, p. 83.
Rester chez soi. Portraits d’artistes, de familles, de communautés, vue de l'installation, Galerie d'art d'Ottawa, 2021. Photo: Chris Snow