« Vers 1969-70, je faisais mes dessins d’intérieurs d’éléphants et de gens qui faisaient plein de choses. Ça m’a alors passé par la tête que je pourrais peut-être construire quelque chose de gros comme ça… »
Russell Yuristy, 1981
L’exposition que voici rend hommage à l’artiste canadien Russell Yuristy et à son émouvante et ludique pratique multimédia, tout particulièrement à sa dynamique période de production qui s’échelonne de 1970 à 1990. C’est à cette époque que l’artiste élabore sa vision fantaisiste du monde naturel, de la culture rurale et de la place qu’il y occupe. Il deviendra ainsi l’un des artistes contestataires les plus originaux au Canada.
Né en 1936 et élevé sur une ferme en Saskatchewan, Russell Yuristy étudiera l’art à l’Université du Wisconsin, à Madison. Plus tard, ces racines rurales seront pour lui source d’inspiration. Dans les années 1970, depuis son studio installé dans une église rénovée, il reproduit en dessins et en céramiques fantastiques le subconscient, l’absurde et les expériences quotidiennes qui l’inspirent. Ses œuvres joueront un rôle dans la montée du Regina Funk Art, un mouvement pop art par lequel les artistes s’opposent à la consommation par leurs dessins en techniques mixtes remplis d’humour. C’est également à cette époque qu’il fonde l’Atelier de terrain de jeu créatif (le Creative Playground Workshop), par lequel il complète ses commandes publiques : de grandes sculptures de bois en forme d’animaux servant de structures de jeu.
Ces sculptures zoomorphes laissent présager les dessins, gravures et peintures d’animaux sauvages qu’il produira plus tard, une fois installé à Ottawa en 1985. Ayant à la base le respect des cycles naturels de la vie et de la mort glané sur la ferme, ses créatures reflètent la fragilité et l’absurdité de l’expérience humaine.
Presentée par Lawson A.W. Hunter
Russell Yuristy. L’intérieur des éléphants et plein d’autres choses, vue de l'installation, Galerie d'art d'Ottawa, 2020. Photo : Justin Wonnacott